Dictionnaire de Sciences Occultes

Tom. II.

Pag. 205-207

         NÈGRES.- Il est démontré que les nègres ne sont pas une race différente des blancs, comme l’ont voulu dire quelques songe creux; qu’ils ne sont pas non plus la postérité de Caïn, laquelle a péri dans le déluge. Les hommes, cuivrés en Asie, sont devenus noirs en Afrique et blancs dans le Septentrion; et tous descendent d’un seul couple. Les erreurs plus ou moins innocentes des philosophes à ce sujet ne sont plus admises que par les ignorants. Les sorciers appelaient quelquefois le diable le grand nègre. Un jurisconsulte dont on n’a conservé ni le nom ni le pays, ayant envie de voir le diable, se fit conduire par un magicien dans un carrefour peu fréquenté, où les démons avaient coutume de se réunir. Il aperçut un grand nègre sur un trône élevé, entouré de plusieurs soldats noirs armés de lances et de datons. Le grand nègre, qui était le diable, demanda au magicien qui il lui amenait.

         – Seigneur, répondit le magicien, c’est un serviteur fidèle.

         Si tu veux me servir et m’adorer, dit le diable au jurisconsulte, je te ferai asseoir à ma droite.

         Mais le prosélyte, trouvant la cour infernale plus triste qu’il ne l’avait espéré, fit un signe de la croix, et les démons s’évanouirent (*). Les nègres, comme de juste, font le diable blanc.

(*) Legenda aurea Jacobi de Voragine, Leg. 64.

ETUDES DU CERVEAU DU NEGRE

         C’est une opinion qui paraît avoir prévalu bien longtemps parmi les naturalistes, que la race nègre est inférieure à l’Européenne, et sous le rapport de son organisation, et sous celui de ses facultés intellectuelles. Dans tous les points où elle diffère de la race blanche, elle se rapprocherait ainsi de la tribu des singes. Un célèbre physiologiste, M. Tiedmann, voulant vérifier de telles assertions, a examiné un très-grand nombre de cerveaux d’individus de sexes différents, d’âges divers, et appartenant à plusieurs variétés de l’espèce humaine. Il s’est assuré de leur poids exact, et par des mesures prises avec soin, il a déterminé la capacité de la cavité du crâne. D’après ces recherches, présentées à la Société royale de Londres, le cerveau d’un Européen adulte; du sexe masculin, varie de trois livres trois onces à quatre livres onze onces, et celui des individus du sexe féminin a de quatre à huit onces en moins que celui des hommes. Il atteint ordinairement ses dimensions complètes à l’âge de sept à huit ans, et décroît en volume dans la vieillesse. Au moment de la naissance, le rapport des dimensions du cerveau à celles des autres parties du corps est plus grand qu’à aucune autre époque postérieure de la vie. Son poids s’élève alors au sixième du poids total du corps; à deux ans, il n’est plus que le quinzième; à trois ans, le dix-huitième; à quinze ans, le vingt-quatrième; de vingt à soixante-dix ans, il est généralement renfermé dans les limites d’un trente-sixième à un quarante-sixième. Au reste, chez l’adulte, ce rapport est déterminé en grande partie par l’état de corpulence du sujet. Le cerveau a été trouvé d’un volume considérable chez quelques hommes doués d’une grande capacité intellectuelle. (Cuvier, par exemple)

         Il n’existe aucune différence appréciable dans le poids moyen et les dimensions moyennes du cerveau du Nègre et de l’Européen. La très-légère différence qu’on remarque dans sa forme extérieure disparaît dans la structure interne; et cet organe, chez le nègre, n’a pas plus de ressemblance avec celui du singe que celui de l’Européen, excepté peut-être dans la disposition plus symétrique des circonvolutions.

         L’auteur attribue les notions erronées qui se sont accréditées jusqu’ici sur l’infériorité des nègres, au peu d’amplitude de leur angle facial, circonstance qui, d’après le préjugé vulgaire, les rapprochait des singes, où cet angle est généralement plus petit encore. Si l’on ne peut prouver qu’il existe de différence innée dans les facultés intellectuelles des races humaines, l’infériorité apparente du nègre ne serait donc que le résultat de l’influence démoralisante de l’esclavage, de l’oppression continue et de la cruauté exercée envers cette malheureuse portion de l’espèce humaine par ceux qui l’ont précédée dans la civilisation (*).

(*) Annales de philosophie chrétienne, 1842.

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