Essai sur les Races Humaines

Pag. 18-20

Je m’empresse d’arriver à la description des caractères propres au Nègre adulte. Un des plus importans, c’est la couleur noire de la peau sous quelque latitude qu’habite le Nègre, et pourvu qu’il ne croise pas sa race. Chez l’Africain proprement dit, cette couleur est d’un noir foncé ; la peau huileuse, satinée, exhale une fort mauvaise odeur lorsqu’elle est échauffée, ce qui distingue l’Éthiopien du Cafre, ainsi que plusieurs autres attributs très-tranchés. La couleur noire n’est peut-être pas le fait le plus fondamental dans l’organisation du Nègre, puisque, dépouillé de ce caractère qui ne suffirait pas pour entraîner son infériorité relativement à la race blanche, il conserve des différences plus profondes, capables au premier aspect de jeter entre lui et l’Européen, par exemple, un intervalle immense, et ces différences  sont telles, qu’elles portent sur quelques-unes des dispositions de la matière prises pour bases anatomiques de la distinction de l’animal et de l’homme. Ainsi pour ce qui regarde la face et le crâne, ces deux parties ont chez le Nègre un développement inverse aux dépens de l’étendue de la dernière. Le front est étroit, fuyant en arrière, déprimé. Le crâne, comprimé vers les tempes, aplati sur le vertex, est plus arrondi dans la région occipitale, et le trou de ce nom, plus large que dans notre espèce, est aussi situé beaucoup plus postérieurement, ce qui rend la nuque plus plate ou moins concave. Quant à sa capacité interne, la boite crânienne, comparée à celle de la race Japétique, est environ d’un neuvième en moins, et, mesurée par  MM. Palisot de Beauvois et Virey, d’après la quantité de liquide qu’elle peut contenir, la différence en moins a été de neuf onces pour quelque crânes. J’ai déjà dit que les sutures de cette cavité étaient plus serrées et plut tôt réunies que dans la race blanche. La partie antérieure de l’os maxillaire supérieur et le menton sont obliquement inclinés l’un sur l’autre ainsi que les dents incisives qui, chez quelques peuplades, sont pointues comme celles des carnassiers. Les os malaires et les arcades zygomatiques sont très-volumineux, les os propres du nez notablement aplatis. Quant aux parties molles de ces régions, il faut noter que les muscles crotaphytes et tous les masticateurs sont très-puissans ; le nez est écrasé, les lèvres très-grosses, ce qui donne à la figure l’expression qu’on désigne sous le nom de moue. Les sourcils sont très-saillans et un peu crépus, l’oeil gros, rond, proéminent, très-humide. Le tissu de la cornée transparente paraît un peu jaunâtre. La pupille est plus resserrée que dans notre espèce. Les cils ont beaucoup de briéveté, les oreilles sont plus larges que les nôtres, et elles sont plus détachées du temporal comme dans les singes. Le menton est court et arrondi, fuyant vers la partie antérieure du cou. Les cheveux sont noirs, laineux, courts, frisés comme de la fourrure d’Astracan, et la chevelure en totalité ressemble à une calotte arrondie et ne forme pas ces cinq pointes qui constituent un caractère de beauté dans la face de l’Européen. Le front et toutes les parties supérieures de la face se rident transversalement de très-bonne heure. La barbe ne paraît guère qu’à vingt-quatre ans ; elle est rare, courte et disséminée en petits pinceaux frisés.

D’après ce que j’ai dit de l’étroitesse relative de la cavité crânienne, il est évident que le cerveau du Nègre est aussi moins volumineux. Les circonvolutions de la surface des hémisphères sont moins nombreuses, moins pressées, moins profondes. Le cervelet est proportionnellement plus gros, ainsi que les tubercules quadrijumeaux, tandis que le mésocéphale est moins développé. La moelle allongée, la moelle épinière et tous les nerfs qui émergent de ces centres nerveux sont plus volumineux que chez nous. Des obliquités inverses du crâne et de la face, il résulte aussi que l’angle facial, au lieu d’être de 90º comme dans les types de notre race, n’est guère que de 75º.

Indépendamment de ces empreintes profondes d’animalité, le reste de la surface du corps va nous offrir, chez le Nègre, des caractères conformes et qui ne démentent pas ceux que je viens de tracer.

Les membres thoraciques pendent plus bas que dans notre race, ce qui tient à une plus grande longueur de l’humérus. La région lombaire est très-cambrée, les fesses petites quoique portées en arrière. Les cuisses et les jambes ont une courbure sensible, les pieds dont plats, le coude-pied peu élevé. Le calcanéum est très-proéminent ; le corps est tendu en avant, les genoux un peu fléchis, la masse musculaire qui forme le mollet un peu développée, toutes dispositions qui donnent au Nègre cette marche déhanchée, cette allure éreintée, comme on dit, qui caractérisent sa station et sa progression. Chez la femme, le diamètre qui s’étend d’une hanche à l’autre est très-considérable, le vagin est en tout temps très-large, et la verge du Nègre est grosse en proportion, mais incapable d’une érection parfaite. Les mamelles sont basses, pendantes, piriformes, terminées par un bout très-allongé dès la puberté.

D’après plusieurs naturalistes, le sang des Nègres est plus foncé en couleur que celui des blancs ; leur bile et toutes les autres humeurs offrent le même caractère ainsi que le tissu des muscles. Les membranes muqueuses pourtant sont d’un rouge très-vif ; les tissus cellulaire et graisseux offrent leur teinte ordinaire ; mais, suivant Meckel, la substance corticale du cerveau est noirâtre. Les os contiennent plus de phosphate calcaire et ont une grande blancheur. Leur sueur est fétide, ammoniacale, tache le linge.

Le tempérament de ces hommes est phlegmatique. Leurs pouls, d’après une ancienne opinion déjà émise par Galien, est plus fréquent que chez nous. Le son de leur voix est clair, argentin, criard ; ils ne peuvent pas prononcer franchement la lettre R, ce qui, suivant quelques auteurs, est dû à la proéminence de leurs lèvres, à l’avancement en museau de leurs mâchoires et à la direction oblique de leurs dents incisives. Ce caractère n’appartient pas à toute la race noire. Les Cafres, en particulier, et surtout ceux qui pendant longues années ont subi le contact des peuples civilisés, étudient. Comprennent une langue étrangère, et l’articulation des mots ne tarde pas à acquérir chez eux beaucoup de netteté ; ce fait d’ailleurs n’infirme en rien les conclusions, que nous pouvons actuellement déduire de tous les détails que nous avons donnés sur l’organisation physique de la race Noire ou Ethiopienne. Et d’abord résumons en quelques mots les principaux caractères. – Coloration noire de la peau excepté à la paume des mains et à la plante des pieds ; front déprimé, chevelure laineuse, crépue et formant sur le crâne une véritable calotte à circuit inférieur presque régulier : yeux gros et proéminens ; teinte ictérique de la sclérotique, nez épaté, pommettes saillantes, lèvres épaisses fortement portées en avant ; menton déprimé, oreilles longues dirigées latéralement et considérablement développées selon leur diamètre antéro-postérieur ; occiput déjeté en arrière ; omoplates plus longues et plus pointues que dans la race Caucasique ; membres thoraciques singulièrement allongés ; fesses portées en arrière mais peu volumineuses ; membres inférieurs grêles, cuisses aplaties transversalement, surtout à la partie interne ; genou saillant et légèrement fléchi, mollet peu développé et situé à une très-petite distance du creux du poplite ; calcanéum déjeté postérieurement ; pied large et singulièrement aplati, tels sont les caractères les plus remarquables imprimés par la nature de la race Nègre proprement dite ; tous portent jusqu’à un certain point, l’empreinte de l’animalité, et nous verrons plus tard en parlant des variétés les plus inférieures qu’il en existe de plus saillans encore ; c’est ainsi que les Hottentots par leur fémur aplati d’avant en arrière, à crête ou ligne âpre fort peu saillante, leur humérus présentant une ouverture à la place de la lamelle osseuse qui chez toutes les autres, races et variétés humaines, sépare la fossette cubitale antérieure de la postérieure, établissent de singuliers rapprochemens entre eux et plusieurs espèces de singes, de chiens, et d’autres carnassiers (Cuvier, Rapport à l’Académie sur la Vénus hottentote.) Les parties molles situées profondément ne présentent rien de remarquable ; Soemmering prétend que le grand cul-de-sac de l’estomac est plus arrondi et s’élève plus que chez les blancs au-dessus de l’insertion de l’oesophage. Ce caractère appartient également à quelques espèces de singes. N’oublions pas cependant la petitesse du cerveau et la grosseur des nerfs qui en émergent. Ce caractère anatomique d’une importance extrême, rend parfaitement compte de l’intelligence si peu développée, et de l’activité des sens si remarquable appartenant presque exclusivement à la race noire ; à cet égard son organisation ne laisse rien à désirer.

[Suit une longue citation de Virey, Hist. nat…, tirée du tome II, pag. 31-77.] Ainsi, par son moral comme par son organisation physique, le noir présente quelque analogie avec les animaux les plus rapprochés de l’homme. Son intelligence, dominée par les viscères, jette à peine quelques éclats rares et passagers, esclave des sensations, il obéit à toutes des influences ; privé du magnifique privilége accordé à l’homme par son créateur, il ne sait commander à la nature. Ainsi ce n’est plus un foyer échauffant, vivifiant tout par sa présence, ce n’est plus le roi du monde, ce n’est plus une intelligence reconnaissable à ses manifestations sublimes, c’est un être misérable, empruntant sa vie aux objets qui l’entourent, esclave du premier qui lui jette des fers, ignorant presque le nom même de la pensée, et réduit à ne jouir de l’existence que par les sensations capables d’ébranler ses viscères. Gardons-nous, cependant, d’exagérer l’incapacité morale des races noires, le tableau qui précède n’est pas toujours d’une vérité incontestable ; on a vu des Nègres qui présentaient une aptitude remarquable aux sciences mathématiques, Malte-Brun, Bory de Saint-Vincent, Perceval, en citent plusieurs exemples. Toussaint Louverture n’était pas seulement un assassin féroce, c’était un chef habile ; la fondation récente de la république d’Haïti nous donnera, à l’égard des Nègres, la mesure de leur intelligence… Et d’ailleurs que ne peut l’éducation !

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